Les élèves du secondaire sont en vacances. Profitons de cette pause pour poser un regard sur l’enseignement chez nous et plus précisément sur le retard scolaire, c’est-à-dire le retard d'un élève par rapport à son niveau prévu. Dans notre région, ces chiffres varient fortement d’une commune à l’autre pour diverses raisons.
Le retard scolaire est-il plus fréquent dans certaines communes que dans d’autres ? La réponse est oui. Walstat a publié les chiffres de 2020-2021 des élèves du secondaire en retard d’au moins deux ans sur l’année qu’ils devraient fréquenter théoriquement selon leur âge. Chez nous, les 3 communes où le taux est le plus faible sont :
- Thuin : 10,8%
- Froidchapelle : 10,07%
- Ham-sur-Heure-Nalinnes : 8,16%
« Je suis content de ce chiffre. Je ne suis pas étonné car dans la commune, nous avons de petites écoles de villages où les enfants ne sont pas des numéros, ce qui leur donne le goût d’apprendre dès le plus jeune âge », se réjouit Jean-Michel Aelgoet (Les Engagés), échevin de l’Enseignement de Froidchapelle.
Il s’agit des communes dans lesquelles les élèves sont domiciliés. À l’autre bout du classement, on retrouve :
- Farciennes : 25,93%
- Charleroi : 24,68%
- Châtelet : 21,71%
Des raisons socio-économiques, entre autres
D’une commune à l’autre, le taux peut doubler. Mais comment expliquer de telles différences ?
« Il y a un lien entre le niveau de diplôme des parents et le niveau socio-économique de la commune. Au plus la commune a des populations qui n’ont pas réussi à l’école, au plus ces populations sont en marge du marché de l’emploi. Et ces situations créent des modèles pour les enfants : quand ils sont entourés de personnes déçues par l’enseignement ils peuvent être à leur tour méfiants. Il y a un rapport de défiance, et de désintérêt vis-à-vis de l’enseignement et donc une incompatibilité avec ce que l’école attend de l’enfant pour le faire passer d’année en année », explique Olivier Marchal, sociologue et directeur de la Cité des Métiers de Charleroi.
Il existe également d’autres causes à ce retard, telles que le changement d’orientation ou la présence d’une population ne maîtrisant pas le français.
« L’immigration peut jouer un rôle. Du côté de Farciennes par exemple, plusieurs personnes ne parlent pas ou peu français. Chez nous, nous avons quelques Ukrainiens et c’est vrai que ce n’est pas toujours facile de les faire évoluer quand il y a le problème de la langue », ajoute Jean-Michel Aelgoet.
Une amélioration pas si positive ?
Même si les chiffres sont parfois interpellants dans certaines communes, la situation semble s’améliorer d’année en année. Mais attention : ce n’est pas toujours révélateur.
« On fait de moins en moins appel au redoublement avec les nouvelles réformes. On fait moins appel à l’outil de mis en retard de l’individu par rapport à sa génération d’amis. C’est peut-être un des facteurs qui expliquent qu’il y a moins de retard officiel, comptable, mais qu’il y a de nombreuses personnes qui ont tout de même encore des difficultés », pointe Olivier Marchal.
Des chiffres à prendre donc avec des pincettes. D’autres études pourraient voir le jour à ce sujet. Qu’en sera-t-il pour l’année scolaire 2021-2022 ? Réponses dans quelques mois.
Pourcentages d’élèves avec un retard scolaire dans le secondaire en 2020-2021
Farciennes |
25,93% |
Charleroi |
24,68% |
Châtelet |
21,71% |
Courcelles |
18,46% |
Fleurus |
18,34% |
Chimay |
17,93% |
Fontaine-L’Évêque |
17,33% |
Aiseau-Presles |
17,2% |
Erquelinnes |
17% |
Chapelle-lez-Herlaimont |
16,4% |
Anderlues |
15,79% |
Lobbes |
14,51% |
Beaumont |
13,94% |
Momignies |
13,73% |
Sivry-Rance |
13,39% |
Pont-à-Celles |
12,47% |
Les Bons Villers |
12,37% |
Montigny-le-Tilleul |
12,26% |
Gerpinnes |
12% |
Thuin |
10,8% |
Froidchapelle |
10,07% |
Ham-sur-Heure-Nalinnes |
8,16% |
Apolline Putman