Après de longues minutes de débat avec l’opposition, le conseil communal a approuvé le projet de Plan de Mobilité de Charleroi Métropole en soumettant différents points.
Rappel : c’est quoi ce plan ?
En décembre, le Gouvernement wallon a provisoirement adopté le projet de Plan de Mobilité de Charleroi Métropole. Il vise à définir des orientations stratégiques pour la mobilité de demain dans 30 communes, son objectif est de réduire le recours à la voiture et d’améliorer la qualité de vie des citoyens.
Le plan prévoit une réduction des distances domicile-travail, une utilisation plus intensive du télétravail, mais aussi de créer et renforcer les liaisons cyclables vers différents points d’intérêt du territoire. Concernant le métro, on parle d’un service jusqu’à 23h tous les jours et jusqu’à 1h du matin les vendredis et samedis avec des arrêts à la demande pour les trajets tardifs. Pour en savoir plus, c’est ici.
Ce plan a été publié, a été soumis à une enquête publique, c’est maintenant au tour des différentes communes de rendre un avis. Par ce faire, en amont, la Ville a soumis plusieurs points qui accompagnent son avis et
- Souhaite que la SNCB prenne une part plus active à la mise en place de la zone à haut niveau de services
- Émet des réserves quant à la création de nouvelles grandes infrastructures routières en connexion avec Charleroi
- Demande d’étudier l’extension des horaires du Citybus
- Demande une plus grande attention à la mobilité inclusive
- Etc. Lire les points de la Ville.
À Charleroi, ce projet a suscité le débat du côté de l’opposition : sur le fond, mais aussi sur la manière de communiquer sur le sujet.
Manque de communication
Les conseillers de l’opposition, PTB, MR, Défi et indépendants, ont tout d’abord regretté le manque d’information autour de ce plan de mobilité. Une enquête publique était organisée, ainsi que des séances publiques d’informations, mais…
300 pages, une seule réunion d’information à Charleroi et vous estimez que c’est assez ? L’enquête publique était inabordable pour les citoyens, regrette Pauline Boninsegna, conseillère et cheffe de groupe PTB.
La conseillère a proposé un conseil communal sur la mobilité le mois prochain, sans réaction du collège qui estime que ça arrivera trop tard puisque l’avis sera remis. Elle regrette qu’au même titre des Big Fights ou que du budget, il n’y ait pas eu une réelle information lors d’un conseil. D’autant que les conseilleurs communaux ont été prévenus d’une séance d’information la veille de sa tenue.
J’étais présent à la séance d’informations : on était 9. Donc je crois qu’il y a eu un gros problème de communication : quel intérêt si on n’impacte pas au moins les conseillers des communes concernées ? Regrette Nicolas Kramvoussanos, conseiller indépendant.
Je suis exceptionnellement d’accord avec le PTB ! Nous avons reçu un document technique en dernière minute. La moindre des choses, c’était de permettre aux conseillers et habitants d’en prendre réellement connaissance, ajoute Nicolas Tzanetatos, conseiller et chef de groupe MR.
On ne peut pas mettre le citoyen au pied du mur, comme on l’a fait pour la fermeture de parking derrière la gare, regrette Jean-Noël Gillard, conseiller et chef de groupe Défi
Xavier Desgain, l'échevin de la Mobilité, a reconnu le manque de communication, mais rappelle que le dossier était public et que chacun pouvait obtenir des réponses à ses questions.
Malgré une communication tardive concernant les séances d’informations, une vidéo permettait de rendre l’information claire et simple, contre-balance Tanguy Luambua, conseiller C+.
Moins de place de parking : le sujet qui ne met personne d’accord
L’un des sujets pointés du doigt, c’est le projet de réduire drastiquement le nombre de places de parking dans le centre et la « chasse à la voiture ».
La plus grande critique, c’est que ce plan veut rendre la mobilité encore plus contraignante. Aussi, on voit une réduction des places de parkings. À côté de ça, on promet des solutions notamment en termes de transport en commun, mais sans rien de concret : des solutions peut-être, mais des contraintes certainement, suspecte Thomas Lemaire, conseiller PTB.
Moins 35% de places de parking ? Que font les citoyens et commerçants ? Si vous alliez leur parler, vous sauriez que c’est pourtant déjà une difficulté. On ne peut pas voter un tel plan. Mr Desgain, vous êtes focus transports en commun, mais vous oubliez le partage de l’espace public, vous êtes incohérent. Ce plan est incohérent, selon Nicolas Tzanetatos (MR).
J’aimerais saluer le travail derrière ce plan pour ma part. Je n’y vois pas de chasse à la voiture. Je salue la proposition de solliciter la gratuité des transports en commun du vendredi au dimanche. Mon groupe soutiendra avec enthousiasme ce plan qui vise à fixer un cadre, indique Zaïna Ihirrou, conseillère et cheffe de groupe Ecolo.
Ce sont des questions très importantes et compliquées. Ce plan est un cadre, la mise en œuvre mérite en effet un débat plus approfondi, confirme le bourgmestre Paul Magnette (PS).
Un fond jugé « incohérent »
On parle de travaux sur le ring et d’y diminuer la vitesse : comment est-ce possible ? Aussi, il faut en effet plus de transport en commun, mais il faut également que ça évolue notamment en termes de sécurité. Et puis le grand absent de ce plan : le piéton. Comment agir si on ne tient pas compte des piétons que nous sommes tous à un moment donné ? Jean-Noël Gillard, conseiller et chef de groupe Défi.
Le plan est disproportionné : nous nous abstiendrons. Thomas Lemaire (PTB).
Aucun budget. On doit prendre une décision sans savoir ce que ça va coûter, comment faire ? Je m’abstiens, indique Nicolas Kramvoussanos, conseiller indépendant.
Ce plan est-il réellement concret ? On parle de la RN54 depuis des mois au conseil communal : dans ce plan, elle est citée 2 fois et précédée de phrases telles que « il faudrait envisager que » regrette Nicolas Tzanetatos (MR).
C’est un cadre qui ne bannit pas la voiture, tout en répondant aux enjeux environnementaux. Il encourage des changements de comportement, et c’est prometteur. Je serai également attentif à l’éventuelle création d’une gare à Ransart, comme le suppose le plan. Aujourd’hui, on pose un avis sur un projet qui va évoluer, conclut Tanguy Luambua, conseiller C+.
Réponse du collège
Xavier Desgain, l'échevin de la Mobilité, a répondu aux conseillers :
C’est une feuille de route. Le plan est indicatif, mais définit une stratégie. Concernant les piétons, il n’y a en effet pas de propositions concrètes, car le plan est propre à l’ensemble de Charleroi Métropole, et non pas à un quartier. Ce plan n’entre pas dans les détails du volet piétons, mais favorise cette part de déplacement. C’est aux communes d’agir ensuite.
Ce plan fixe des objectifs de part modale : la voiture reste à 60%, la place est donc toujours majoritairement laissée à la voiture. L’objectif reste néanmoins de favoriser progressivement l’utilisation des transports en commun et d’une mobilité active.
Une plus grande inclusivité est également de mise. Un système de transport à la demande, notamment pour les retours de soirée, est envisagé.
On veut d’abord implanter des mesures incitatives avant de mettre en place des sanctions, et non l’inverse. Les parkings seront par exemple gratuits en périphérie, avant d’amener à prendre les transports en commun.
Concernant le ring de Charleroi, le plan a évolué suite à l’enquête publique et la vitesse ne sera pas toujours réduite. On examinera la situation : pour l’instant ce n’est pas nécessaire selon moi.
Le projet de Plan Mobilité de Charleroi Métropole a finalement été approuvé à la majorité, moins l’abstention du PTB, du MR, de Défi et des conseillers indépendants.
Une fois le plan validé par le gouvernement, la Ville pourra examiner le budget et analyser ce qui peut être mis en place à l’échelle de Charleroi.