Ils ne sont que 25 en Wallonie, 25 exploitants d'Escape Rooms installés principalement dans les centres-villes. Avec le deuxième confinement décidé par le Gouvernement fédéral, ils ont dû ranger leurs énigmes dans les tiroirs et fermer définitivement les portes de leurs espaces de jeu. Une situation qu'ils vivent d'autant plus difficilement que cette fois, aucune aide financière ne leur sera accordée. Afin de porter leurs voix, ils se sont fédérés au sein d'EscapeWall.
Les Escape Rooms vous connaissez ? Ce sont ces espaces comme celui des anciens cachots de l'Hôtel de Ville de Chimay, ou de la douane du film "Rien à Déclarer" de Macquenoise, qui se résument parfois à une seule pièce, parfois plus. Vous y entrez et vous vous y retrouvez enfermés. Vous avez alors un temps déterminé pour résoudre les énigmes qui vous permettront de ressortir.
Il suffit de surfer un peu sur les réseaux sociaux pour voir combien ces Escape Rooms sont ludiques et procurent du plaisir aux joueurs.
Aujourd'hui, ces activités sont interdites pour cause de Coronavirus, une situation que comprennent les exploitants. Ce qu'ils comprennent moins, c'est pourquoi ils ne sont pas soutenus.
Pas d'accès aux aides financières
A l'image de Didier Colart, le propriétaire de "Charlerooms" à Charleroi, et désormais porte-parole de EscapeWall (l'association des propriétaires d'escape rooms wallons), les exploitants de ces salles de jeu ne peuvent pas faire valoir leur droit aux aides financières mises en place depuis le début de la crise sanitaire, pour diverses raisons.
"Le souci à la base ce n'est pas que nous n'avons pas droit aux aides, mais que nous ne parvenons pas à les obtenir. Certains ont eu la première prime, d'autres ont reçu la deuxième et la troisième c'est clair, personne ne l'aura."
C'est ainsi que quelques exploitants ont reçu, lors du premier confinement, une prime de 5000€, d’autres pas. Certains ont eu droit à une seconde prime de 3500€, d’autres pas. Plus incompréhensible encore, certains - n’ayant pas fait leur première demande car non éligibles - le sont devenus pour la seconde mais n’ont malheureusement rien reçu puisque l'une des étranges conditions pour obtenir cette seconde aide, est d’avoir pu profiter de la première. Un véritable sketch !
"Pour la troisième aide, il faut déclarer 60% de perte de chiffre d'affaires lors du troisième trimestre par rapport à l'an dernier. Hors celui que l'on vient de passer, de juillet à septembre, a été relativement correct. Pourquoi ? parce que cette année, les gens ne sont pas partis en vacances et donc sont venus chez nous. Du coup, on ne sait pas déclarer 60% de pertes. C'est d'autant plus absurde que si l'on compare sur une année entière, on est tous en perte de 50 à 60%."
Et les charges sont également toujours là : des loyers conséquents à payer, les charges liées au site internet et à nos plateformes de réservation, un lourd investissement dans de nouvelles mesures de sécurité etc.
Ils ont pourtant joué le jeu
A Charleroi, comme ailleurs, toutes les mesures de désinfection et les gestes barrières ont été respectés. Chez Maître Hembise, l'escape room se compose de deux salles. Depuis le début de la crise, plus question de passer de l'une à l'autre, le jeu se fait en alternance dans l'une ou dans l'autre.
"Depuis le début de cette crise, on s'est adapté. On reçoit souvent des familles ou des amis, de plus en plus en bulle, rarement beaucoup de gens d'un coup. Alors, bien sûr on a des masques, des gants, du gel et nous respectons la distanciation sociale, mais je ne peux pas demander à mes joueurs de rester chacun dans un coin de la pièce, sinon ils ne viennent plus."
Le problème n'est donc pas tant l'activité développée dans les escape rooms que leur existence même.
Une histoire de code nase
D’un point de vue plus administratif, vous avez peut-être (sûrement) déjà entendu parler des codes NACE d’entreprises. Chaque entreprise a les siens, proprement dédiés à son activité.
Pour les escape games, ce n’est pas le cas.
"Nous nous ne sommes dans aucune case en fait. Nous avons essayé de comprendre quand le gouvernement a parlé de loisir. Nous nous sommes dit que nous devions fermer. Mais nous ne sommes pas des théâtres, des cinémas... nous sommes des escape games. Et il n'y a pas une ligne sur nous. C'est peut-être normal parce que nous ne sommes pas nombreux. Mais on n'existe pas, en vrai."
Ainsi, chacun a simplement dû choisir un ou plusieurs codes s’approchant au mieux de ses activités, et le tout … au petit bonheur la chance ! En fonction des codes choisis, les exploitants d'escape rooms sont respectivement considérés comme créateurs de décors, animateurs, gérants de salle de spectacle ou encore organisateurs d’événements, …
Mais le hic, c'est que pour recevoir une prime de l’état suppléant à la fermeture de commerce, il faut communiquer tel ou tel code, et ici aucun ne semble jamais bon.
Harmoniser les aides
En offrant une existence concrète à leur activité, les escape rooms pourraient prétendre ou pas à ces fameuses aides ponctuelles liées à la situation sanitaire.
Enfin, si le gouvernement tente d’homogénéiser les mesures de sécurité au niveau national, il n’en est clairement pas de même au niveau des aides. En Flandre, par exemple, en plus des primes « classiques », les escape rooms ont reçu 160€ par jour de fermeture.
Et lorsque l'on sait que chez nos voisins français, les escape rooms ont été financée à 100% de leur chiffre d'affaires de l'année précédente, cela laisse rêveur.
Aider les escape rooms
Alors, si en tant que bon citoyen vous voulez soutenir les escapes rooms sachez qu'il existe des jeux d'extérieurs à Charleroi et aux lacs de l'eau d'heure.
"On est tous assez créatifs pour essayer de faire des choses différentes. "
Vous pouvez aussi prendre le contrepied du confinement, et pour les fêtes de fin d'année, offrir à vos proches sous forme de bon cadeau, l'occasion d'aller se mettre en boîte, mais cette fois en s'amusant.