On évoque de plus en plus le déconfinement, et forcément il devient de plus en plus réelle dès le moment où un groupe de réflexion a été mis en place. Ce groupe devra dire quand et comment nous allons sortir de cette période de confinement et par quels moyens. Parmi les pistes évoquées il y a le cracking via les smartphones, le Centre d’Action Laïque tire la sonnette d’alarme à ce sujet.
Ce vendredi matin, lors de la conférence de presse hebdomadaire, le virologue Emmanuel André en réponse à une question sur le traçage électronique disait
"Le déconfinement est un processus complexe qui va nécessiter de maintenir ou d'accentuer certains outils que nous avons déjà et d'en mettre d'autres à disposition. Le jour ou ce sera nécessaire, et en complémentarité avec d'autres approches, le traçage sera probablement un des outils que nous aurons à disposition.”
Le tracking n’est pas une nouveauté
Le traçage en terme d’atteinte aux libertés a déjà fait couler beaucoup d’encre. Le centre d’Action invite d’ailleurs à la prudence.
« De nombreux pays ont recours à de nouvelles technologies basées sur l’intelligence artificielle, notamment des applications pour smartphone, dans le cadre de la lutte contre le Covid-19."
Si le traçage des contacts n’est pas une nouveauté en matière de santé publique, les méthodes traditionnelles ne sont pas adaptées pour faire face à la vitesse de propagation de l’épidémie. »
En Belgique, la question du recours à ce type d’applications se pose aussi. Le Gouvernement a annoncé récemment la mise en place d’une Data Against Corona Taskforce qui devrait être surveillé par un comité d’éthique.
Que ce soit, au niveau collectif, pour disposer de données agrégées sur la dynamique de propagation de l’épidémie ou, au niveau individuel, via le traçage des contacts (ou tracking), pour réduire au maximum les chaînes de transmission interindividuelle, en fournissant aux individus une information sur leur niveau d’exposition personnelle au risque dans le but de les
amener à adapter leurs comportements, les outils proposés font peser un danger sur les libertés individuelles.
Le Centre d’Action Laïque n’est pas opposé au projet, mais
« marque les plus vives réserves sur leur usage. Il conçoit qu’il soit envisageable de recourir à ce type d’applications. Mais la preuve de l’efficacité de ces méthodes, dans un contexte où des centaines de milliers de personnes peuvent avoir été contaminées, reste à établir. »
Une fuite en avant dans une technologie liberticide, alors que des priorités basiques ne sont pas encore solutionnées (masques et dépistage pour toute la population) risque d’être mal acceptée par la population.
Le CAL ajoute que des balises légales, politiques et éthiques devront être dressées comprenant : Une transparence totale, des limites claires et l’accord de la population conformément à la RGPD.
Les nouvelles technologies, seules, ne pourront contenir l’épidémie et ouvrir la voie au déconfinement. Ne serait-ce que parce qu’elles excluent tout un pan de notre société qui n’y a pas ou difficilement accès.
Le CAL demande donc que toutes les mesures qui, potentiellement, restreignent nos libertés soient avalisées par le Parlement. Il en va de leur légitimité démocratique.
Mythe ou réalité ?
L'utilisation des données des smartphones avait été évoquée par la Première ministre Sophie Wilmès à la Chambre. Dès le début de la pandémie en Belgique, le ministre des Télécoms, Philippe De Backer, a créé un groupe de travail sur le sujet, conseillé par un comité éthique et en lien avec la Commission européenne ainsi qu'avec les experts du groupe chargé de préparer la stratégie de sortie de crise.
En France, le projet « StopCovid" a été lancé avec l’accord de l’ELysée. Ce dernier développe une application visant à limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission. L'objectif est de prévenir les personnes qui ont été en contact avec un malade, rapporte Le Monde.