Les bâtonniers et les bâtonnières du pays ont visité l’ensemble des prisons pour mettre en lumière les nombreux problèmes rencontrés dans le système carcéral. C'était le cas d'Emmanuelle Attout, le bâtonnier du Barreau de Charleroi.
En cette journée internationale des droits de l’homme, les bâtonniers et les bâtonnières du pays ont exercé leur droit de visite dans les prisons, en dénonçant un problème de société et un système qui ne fonctionne pas. Selon eux, les prisons, petites ou grandes, se remplissent au fur et à mesure de leur construction.
«On y entasse les détenus sans distinguer les longues peines des courtes peines, les personnes condamnées de celles qui sont en détention préventive et attendent, parfois très longtemps, d’être jugées, ce qui ne fait que créer des hautes écoles pour délinquants. En outre, la surpopulation rencontrée actuellement dans les prisons et les conditions de vie indignes qui y règnent sont néfastes à la réinsertion. Elles augmentent le risque de récidives et donc d’insécurité dans nos rues. Ce problème concerne la société dans son ensemble. La population finance en effet un système dans lequel les conditions de vie et de travail, des détenus comme des agents pénitentiaires, sont indignes et dont l’un des effets est, paradoxalement, de
contribuer à augmenter la délinquance, donc l’insécurité. Le système doit être repensé en profondeur !», expliquent dans un communiqué de presse, l'ensemble des bâtonniers et bâtonnières.
Pour les avocats francophones, germanophones et néerlandophones, il est plus que temps de réfléchir à d’autres types de sanction que l’enfermement, qui ne peut être l’unique solution à la délinquance, spécialement dans des conditions contraires aux droits fondamentaux dénoncées de longue date.
« Si l’emprisonnement est nécessaire pour certains délinquants et criminels, il est essentiel de s’interroger sur l’efficacité d’un système qui, plutôt que de favoriser la réinsertion, semble accroître les risques de récidive. Un tiers des prisonniers sont en détention préventive et cette proportion reste invariable, quel que soit le nombre de places dans les prisons. Ce sont des personnes présumées innocentes qui se retrouvent en prison avant même d’avoir été jugées. Et toutes les personnes emprisonnées ne constituent pas un danger pour la société. D’après les bâtonniers et les bâtonnières, il serait utile de trouver d’autres solutions qui co-existeraient avec le système carcéral. En fonction du type d’infractions ou de condamnations, les avocats évoquent la possibilité de penser à des transactions financières proportionnelles aux revenus de l’auteur de l’infraction ou à des peines de travail par exemple. La médiation ou la conciliation peuvent également être des alternatives dans certains cas. Une autre piste à explorer est de travailler davantage sur la prévention. Il ne s’agit pas ici de remettre en cause le fait de mettre des délinquants en prison, mais de dénoncer un système qui n’est pas efficace et de s’interroger sur ce que l’on pourrait faire pour qu’il fonctionne mieux. Il ne faut pas oublier que les prisons doivent refléter la qualité d’un Etat de droit. Les conditions de détention doivent permettre au détenu de réfléchir à son acte et de devenir quelqu’un de meilleur et non pas quelqu’un de pire », ajoutent-ils dans le communiqué.