Ce soir, le conseil communal se tient à Gerpinnes. Un conseil en présentiel contrairement à ce que l’opposition avait demandé. Cette dernière dénonce également un déni de démocratie.
La crise sanitaire fait que chacun doit s’adapter et même les politiques. A l’échelle communale, plusieurs communes comme Charleroi et Thuin ont opté pour des conseils communaux virtuels et diffusés en direct sur Internet. Une manière pour les conseillers communaux de participer mais aussi pour les citoyens de suivre les débats. A Gerpinnes, l’opposition a donc demandé que ce système virtuel soit mis en place. Mais la majorité a refusé.
"Souvent, on dépasse cette heure donc on s'est dit qu’on risque de tomber après 22h soit en plein couvre-feu et la population qui vient assister au conseil aussi. Donc il y a un risque pour la publicité du conseil. On a proposé de passer à une formule en ligne. On nous a répondu qu’il ne fallait pas dépasser 22h et que l’opposition n’avait qu’à limiter ses interventions. Cela met à mal le fonctionnement du conseil. Pour nous, il y a là une grosse dérive" considère Nicolas Glogowski, conseiller communal Horizons à Gerpinnes.
Des contacts ont été pris avec le ministre des pouvoirs locaux pour avoir plus de précisions. Celui-ci autorise et encourage désormais cette pratique de conseil communal virtuel vu la crise sanitaire. Une pratique d’autant plus recommandée puisque désormais un couvre-feu est instauré dès 22h.
"Tout le monde doit respecter le couvre-feu. Les conseillers communaux doivent aussi montrer l’exemple. On demande aux citoyens de faire du télétravail. Alors pourquoi pas nous? Ici, on préfère écourter le conseil communal pour le faire de 19h30 à 21h30 au détriment du débat démocratique" estime Nicolas Glogowski.
"On assiste à une dérive totalitaire!"
Autre point qui blesse l’opposition : une modification du règlement d’ordre intérieur qui diminue le temps d’intervention pour les questions d’actualité des conseillers. Il passerait à 2 minutes par question et seulement 2 questions par groupe. Une manière de museler l’opposition pour le jeune conseiller communal qui évoque un déni de démocratie.
Pour les citoyens aussi, il y a du changement. Pour interpeller le conseil communal, ils doivent suivre une procédure jugée lourde par l’opposition. Et dorénavant, ils n’auront droit qu’à 2 questions par an par citoyen.
"On assiste à une dérive totalitaire de la majorité absolue qui prend ses aises et voudrait brider ses citoyens et l’opposition. Et la réaction par rapport à la demande du conseil à distance ne fait que confirmer nos craintes et j’espère qu’on pourra en discuter ce soir" explique Nicolas Glogowski.
Le bourgmestre répond : "J'ai toujours laissé les gens débattre"
Le bourgmestre de Gerpinnes, Philippe Busine, répond à ses accusations en expliquant qu’il est dans ses droits notamment en ce qui concerne le couvre-feu.
"L’arrêté ministériel du 28 octobre interdit les rassemblements sur la voie publique après le couvre feu sauf dans le cadre des déplacements professionnels. Il n’est donc pas interdit et illégal de tenir le conseil communal. Les communes n’ont plus les pouvoirs spéciaux comme en mars-avril, la situation est donc différente" détaille-t-il.
Il aurait reçu la demande de faire le conseil communal virtuellement qu'hier soir à 22h de la part de deux conseillers de l’opposition. Un délai trop court pour y répondre favorablement, avertir le public et équiper tout le monde.
"On sait très bien que ce n’est pas si simple que cela de faire une vidéoconférence pour le conseil communal. Sur les 23 membres du conseil, 16 nous ont demandé d’être équipés d’un ordinateur pour pouvoir lire à l’avenir les documents de manière électronique. Certains n’ont pas de caméra sur leur ordinateur. La commune n’a plus d’informaticien depuis plusieurs mois donc c’est vraiment compliqué. Cela prend du temps" explique Philippe Busine.
Le bourgmestre nous a également indiqué que le conseil communal se tiendra dans la salle communale devant l’église afin de respecter les distances entre chacun.
En ce qui concerne le règlement d’ordre intérieur et le déni de démocratie, Philippe Busine est formel. Il laisse les gens s’exprimer.
"J’ai toujours laissé les gens débattre. Ce n’est pas parce que c’est écrit qu’on va suivre les règles à la lettre. On ne va pas arrêter les gens après 2 minutes pile de paroles. Ce soir, nous avons 2h30 de conseil et on aura largement le temps d’évoquer tous les sujets" confie le bourgmestre.
Avant d’ajouter : "Je suis bourgmestre depuis 14 ans, je n’ai connu que trois interventions de citoyens. On laisse les gens s’exprimer mais il faut une limite pour ne pas que ce soit trop long".
Le conseil communal de Gerpinnes se tiendra donc ce jeudi 29 octobre en présentiel. Mais le prochain conseil communal, lui, devrait se tenir virtuellement.