L'association de défense des animaux Gaia a lancé jeudi une pétition afin d'obtenir la fin, en Belgique, de la castration sans anesthésie imposée chaque année à des millions de porcelets, une pratique que l'ASBL qualifie de "choquante" et de "douloureuse".
Gaia a, dans un communiqué, demandé "en urgence" l'interdiction de la castration des porcelets. "Il s'agit de l'intervention la plus horrible qui subsiste dans l'élevage à l'heure actuelle", a souligné l'association.
Selon elle, cinq à six millions de porcs mâles sont élevés chaque année et 80% des porcelets mâles sont castrés - ce qui représente 4 à 4,8 millions d'animaux par an. De 97 à 100% des porcelets castrés le sont sans être anesthésiés - soit de 3,9 à 4,8 millions chaque année.
Gaia a également cité jeudi un nouveau sondage réalisé par l'institut Ipsos et qui montre, selon l'ONG, que trois Belges sur quatre sont en faveur d'une interdiction légale de la castration chirurgicale des porcelets. "Après avoir expliqué les méthodes alternatives de castration, parce qu'elles existent, même 86% des Belges pensent qu'il devrait y avoir une interdiction légale", souligne le communiqué.
Cela signifie qu'en Belgique, sur l'ensemble des porcelets castrés chaque année, de zéro à 144.000 d'entre eux sont castrés avec l'administration de procaïne, un médicament anesthésique. Ce médicament est injecté dans les deux testicules du porcelet et réduit la douleur ressentie par le porcelet lors de l'incision.
Selon la directrice de Gaia, Ann De Greef, le porcelet est immobilisé, puis l'éleveur de porcs pratique une, deux ou plusieurs incisions dans la peau du scrotum du porcelet, qui est pleinement conscient, afin d'exposer les testicules. Il tire ensuite fermement sur les testicules afin qu'elles sortent de sous la peau ainsi que sur le cordon spermatique, qui se trouve plus profondément dans le corps, derrière les testicules. L'éleveur tire donc sur les cordons spermatiques et les coupe. Ceux-ci sont donc sectionnés et les testicules retirées.
"Il est choquant et répugnant de constater que cela peut encore se faire de cette manière aujourd'hui", a souligné Mme De Greef, citée par le communiqué.
Elle estime que la procaïne ne réduit pas suffisamment la douleur aiguë et sévère ressentie par les porcelets lors de la castration.
"De plus, les conditions dans lesquelles ce médicament est administré dans les élevages intensifs de porcs laissent à désirer. Il n'est pas facile d'injecter l'anesthésique à un porcelet en mouvement et les délais d'attente ne sont pas respectés. L'incision est souvent pratiquée trop tôt ou trop tard après l'administration du médicament, celui-ci n'a donc pas du tout l'effet escompté", a ajouté la directrice de Gaia.
L'association a reçu le soutien de M. Weyts (N-VA), qui s'est déclaré favorable à l'interdiction de la castration des porcelets sans anesthésie. Il a indiqué, par le biais de son cabinet, avoir déjà mis la question à l'agenda européen.
La ministre wallonne en charge du Bien-être animal a pour sa part reconnu que la castration des porcelets sans anesthésie était "une pratique qui pose question". "Mais 95 pour cent des porcs sont élevés en Flandre et seuls 5% en Wallonie. Et les actes vétérinaires et la santé animale sont une compétence fédérale", a ajouté la porte-parole de la ministre, interrogée par l'agence Belga. Celle-ci a souligné que Mme Tellier "suivra avec attention tout changement de la législation" à ce sujet.
Lien vers la pétition: https://www.gaia.be/fr/campagnes/castration-porcelets
Source: Belga