La cour d'assises du Hainaut a condamné, mardi, Frédéric Lepoint (57 ans) à une peine de 22 années de réclusion criminelle pour l'assassinat de son épouse, Aline Thirion, commis la nuit du 3 au 4 décembre 2014 à Quévy-le-Grand.
La cour et les jurés ont retenu des circonstances atténuantes en faveur de l'assassin, l'absence d'antécédent judiciaire et le dépassement du délai raisonnable pour juger cette affaire.
Plus tôt dans la journée, les jurés n'avaient eu aucun doute sur la culpabilité de l'accusé, qui contestait les faits, en raison d'un faisceau d'indices précis et concordants.
Rappel des faits
Le 4 décembre 2014, Frédéric Lepoint est retrouvé ligoté sur une chaise au rez-de-chaussée de son habitation. Il est bâillonné. Libéré par un voisin, vers 11h00, il déclare que trois hommes sont entrés dans son habitation, vers 3h00, pour commettre un vol. Son épouse, Aline Thirion, se trouve à l'étage. Elle est ligotée sur le lit. Un sac en plastique recouvre sa tête. Les secours arrivent et tentent de sauver Aline, dont le corps est encore chaud et souple. Selon les médecins légistes, la mort par asphyxie est relativement récente, estimée entre 9h00 et 10h30.
L'enquête met en évidence que Frédéric trompe Aline avec une jeune femme, qui lui met la pression pour divorcer. Lui craint de tout perdre en cas de séparation. Aline ne compte pas lui pardonner et lui faire de cadeau en cas de divorce.
Quant au vol, les enquêteurs ne retrouvent aucune trace d'une visite alors que les voisins s'étonnent que les trois chiens du couple n'ont pas aboyé durant la nuit.
On découvre enfin que Frédéric Lepoint est adepte du bondage, une pratique sadomasochiste consistant à faire usage de liens, tels des cordes comme celles retrouvées sur la scène de crime. Frédéric Lepoint a fait de nombreuses recherches sur internet, concernant les techniques d'auto bondage, alors qu'un témoin a déclaré que les liens entravant ses poignets étaient moins serrés que ceux entravant les membres de son épouse.
Les expertises scientifiques viennent mettre à mal la version de Frédéric Lepoint, lequel a maintenu jusqu'au bout qu'il était innocent. Deux ADN sont retrouvés sur les liens entravant la victime, celui de son époux et le sien.
Pour les jurés, l'intention d'homicide est établie, "au-delà de tout doute raisonnable" par la détermination et l'extrême violence dont a fait preuve Frédéric Lepoint pour tuer sa femme, laquelle n'a même pas eu l'occasion de se défendre. Le faisceau d'éléments "précis et concordants" présentés par Marc De Brackeleer, avocat général, a convaincu les jurés.
Quant à la circonstance aggravante de préméditation, elle est établie par des recherches sur le net d'articles relatifs à un vol avec violence, commis un mois plus tôt à Colfontaine. Un homme avait été ligoté par des voleurs qui, contrairement à Quévy, sont repartis avec un butin. Frédéric s'est servi d'un sac qu'il avait vidé préalablement et il s'est assuré de l'absence de sa fille. Enfin, quelques heures avant le crime, il avait annoncé à une conductrice du bus qu'il craignait une recrudescence des vols dans le village.
Source: Belga