Me Isabelle Vander Eyden, avocate de Sébastien De Leenheer, a contesté la circonstance aggravante de préméditation, retenue par les autres parties au procès. Sébastien De Leenheer est jugé aux assises du Hainaut, depuis lundi, pour l'assassinat d'Aurélie Montchery, commis à Châtelet le 1er novembre 2019. Il est aussi poursuivi pour le port d'un couteau et d'un pistolet factice, pour le vol de la carte bancaire de la victime, son utilisation pour retirer la somme de 650 euros, de coups portés à sa compagne et à sa fille mineure, harcèlement et menaces.
L'intention d'homicide n'est pas contestée par la défense. Mais celle-ci reste persuadée que Sébastien De Leenheer n'a pas envisagé d'ôter la vie d'Aurélie Montchery, avant de se retrouver face à elle dans son garage. L'accusé prétend qu'il a vu rouge quand Aurélie lui a dit qu'elle avait un autre homme dans sa vie. "C'est un crime de possession, pas passionnel."
Le 24 septembre 2019, Aurélie a déposé plainte contre Sébastien. Celui-ci n'a pas respecté les conditions imposées par le juge d'instruction, le lendemain. Il s'est rendu chez les parents de la victime où, ont-ils dit, des menaces ont été proférées contre Aurélie. "Il voulait discuter avec elle, arranger les choses, s'excuser. Pourquoi se met-il en colère? Parce que les gens présents sur place refusent de lui dire où se trouve Aurélie."
Sébastien est placé sous mandat d'arrêt le soir-même. Il sort de la prison de Jamioulx, le 22 octobre. "On n'est plus face à un homme en colère, mais face à un homme désespéré qui ne sait plus quoi faire pour récupérer celle qu'il aime, il est presque obsédé."
Le lendemain, Sébastien a rencontré Aurélie chez des amis. Ils n'étaient pas seuls. Ils ont discuté. Selon un témoin, il lui a demandé si elle l'aimait encore. Elle a répondu que oui, mais il fallait lui laisser du temps. Elle a accepté deux baisers sur la bouche. "Dans la tête de mon client, l'espoir se mélange au désespoir", déclare l'avocate.
Durant la semaine précédant le crime, l'accusé s'est présenté trois fois chez les parents d'Aurélie. Elle ne lui adressait pas la parole. L'accusé prétend qu'ils se sont rencontrés sur une aire de jeux, dans la semaine. C'est confirmé par la fille de la victime. Ils ont discuté.
L'accusé prétend qu'il a vu Aurélie, la nuit précédant le crime. Pour son avocate, c'est fort probable. Celle-ci constate qu'Aurélie n'a pas appelé la police, cette semaine-là, alors qu'un coup de fil suffisait pour le renvoyer à l'ombre.
L'avocate revient sur une lettre, écrite par l'accusé, le jour des faits. "Elle ne signe pas un projet criminel, elle signe un projet suicidaire."
Selon les autres parties, Sébastien a suivi sa victime, le 1er novembre dès le matin. Aurélie est filmée en train de faire son plein d'essence, elle est seule. "Pourquoi fait-elle son plein au Cora de Châtelineau, où il erre, alors que ce n'est pas sur sa route? Ils ont dû avoir un contact."
L'avocate remarque que, le 24 octobre, l'accusé a créé un profil Snapchat, messagerie dans laquelle les messages lus s'effacent. Aurélie figure dans ses contacts. "Elle a dû l'accepter", constate l'avocate. "Quand ils arrivent dans l'allée de garages, il faut ouvrir une barrière. C'est lui qui sort du véhicule pour l'ouvrir. Tout me laisse penser qu'elle a accepté d'aller sur les lieux en sa compagnie", insiste l'avocate qui estime que l'endroit n'est pas aussi isolé que ça.
"Et pourquoi fixer un rendez-vous à un homme à son garage, le jour des faits, s'il prépare un crime à cet endroit? Cela ne colle pas", estime l'avocate.
Les répliques auront début ce jeudi matin. Le jury sera envoyé en délibération dans la foulée.
Source: Belga