A Anderlues, le parti socialiste a choisi la date du premier mai pour réunir ses militants en Assemblée générale. Une réunion lors de laquelle le pacte de majorité a enfin été ratifié, un mois après avoir été adopté par le comité central. Quatre élus soupçonnés d'avoir menés un "putsch" au sein du collège ont été amenés à s'expliquer mais ils ont finalement été désavoués devant leurs paires. Quant aux deux échevins démis de leurs compétences lors d'un collège communal exceptionnel le 25 avril dernier, ils sont sortis très déçu de la réunion.
Il fallait montrer pattes blanches pour entrer dans la salle du viaduc à Anderlues, en ce jour de premier mai, pour l'assemblée générale du parti socialiste. Les militants admis avaient tous reçu une invitation personnalisée. Et forcément cela fait des mécontents. Les personnes refoulées, une petite vingtaine, restent à l'extérieur et les sifflets retentissent lorsque la porte se referme. "On nous a interdit d'entrer, soit disant qu'on n'a pas la carte du parti, mais c'est n'importe quoi. La vérité c'est que Philippe Tison a un peu peur." "J'ai toujours été militante depuis que je suis née, mes parents sont rouges et je suis restée rouge, maintenant je commence à virer au mauve."
Les débats seront éclairants
A l’intérieur, les débats vont durer deux heures. 90% des militants vont finalement ratifier le pacte de majorité de la commune adoptée au lendemain des élections, une volonté de la commission de vigilence du parti. Dans un deuxième temps, une nouvelle disposition statutaire va également être prise. Désormais, un élu ne pourra prétendre au poste d'échevin qu'à condition d'avoir déjà siégé 6 ans. S'il s'avère que le candidat soit exceptionnellement doué, il pourra prétendre au poste malgré tout à condition de récolter 2/3 des voix en assemblé générale. C'est deux points sont en réalité à l’origine des frictions internes au parti. Pour rappel, Gugliemo Pastorelli avait refusé de signer le pacte de majorité parce qu'il n'avait pas reçu de poste d'échevin, malgré un très bon score électoral. Il avait porté plainte à la commission d'éthique après les élections d'octobre 2018. Dans la foulée, et en signe d'apaisement sans doute, Philippe Tison avait signé un accord avec le conseiller communal pour l'inciter à voter ledit pacte. Cet accord prévoyait que Gugliemo Pastorelli devienne échevin en avril 2019 tandis que le bourgmestre laissait son poste à Rudy Zanola le temps de réaliser une opération chirurgicale. Finalement, en avril de cette année, lorsqu'il s'est agit d'appliquer l'accord, Philippe Tison a finalement fait marche arrière, sous couvert de son comité central, et est resté en poste. Rudy Zanola aura eu la plus courte carrière de bourgmestre de l'histoire : 24 minutes. Mais le mal était fait et les messages se sont succédés sur les réseaux sociaux, le bourgmestre allant même jusqu'à accuser quatre échevins de putschistes !
Mais revenons à l'assemblée générale, à la sortie les mines sont fermées, les sourires gênés. Certains parlent de gamineries, d'autres estiment avoir reçu été bien informés. "On a été mis au clair. Oui on attendait ça, avant on était dans le flou et donc on a éclairci tout ça". "C'était bien. vous attendiez cette réunion ? et si oui, pourquoi ? ... je ne dirai rien du tout."
Drôle de 1er Mai
La situation est effectivement sinon embarrassante en tout cas complexe pour les militants qui tous, d'un côté et de l'autre, regrettent cette situation. En bout de course pourtant 4 élus socialistes sont désavouées dont deux échevins, Rudy Zanola et Mickaël Guyot démis de leurs attributions. "Je ne vois pas d'ou vient tout ce cirque, s'étonne Gugliemo Pastorelli, ce n'est pas à quatorze mois d'un pacte de majorité qui va être mis en place que nous allons faire un putsch". De l'autre côté, Annibale Moscariello, désormais le seul à s'exprimer précise :" On en a marre de ce climat qui n'est pas sein. Monsieur Pastorelli a entrainé dans son sillage deux échevins, c'est leur choix. Ils sont adultes, ils savent ce qu'ils font. La majorité du groupe restant de 8 élus a décidé à un moment de faire bloc. Ce n'est pas possible d'en arriver là."
A sa sortie, Rudy Zanola est plus que dépité et malgré les applaudissements de quelques supporters, il préfère s'éclipser. Les élus qualifiés de « putschistes » et accusé de bloquer les rouages de la commune n’en resteront probablement pas là. Ils feront appel à la commission interne du parti. Mais en attendant "Nous ne sommes pas des kamikazes, malgré qu'ils ont retiré les attributions de nos camarades, Rudy Zanola et Michaël Guyot, nous resterons conseiller communaux Nathalie Gourmeur et moi-même. Nous ferons en sorte de faire avancer les choses à la commune d'Anderlues. Des investissements, des embauches, nous ne voterons jamais contre des points comme ça."
Voilà donc un bien étrange premier mai pour les socialistes anderlusiens. Une fête du travail sur fond de guerre intestine. D’autres assemblées sont déjà annoncées et l’on parle de sanctions cette fois ! L’histoire est loin d’être terminée.