Cette semaine, sur notre antenne, l'ancien bourgmestre de Charleroi, Jacques Van Gompel, nous expliquait qu'il demandait sa réhabilitation judiciaire.
En 2006, il avait fait 22 jours de préventive à la prison de Jamioulx, plombé par 138 préventions. 15 ans et une vie brisée plus tard, il ne reste de ce séisme qu'une simple déclaration de culpabilité pour 4 préventions. Dont aucune liée au moindre enrichissement personnel.
Alors, quand on lui parle des affaires politico-judiciaires qui secouent actuellement la région liégeoise, l'ex-mayeur a d'autant plus de mal à avaler ses 3 semaines de cabane. Tant il est vrai que, quand on compare ce qui s'est passé en bord de Sambre il y a 15 ans et la pelote de laine qui est en train de se démêler (enfin!) autour de Nethys, on ne peut que constater une chose: même si la justice doit encore faire son travail et que la présomption d'innocence prévaut, on peut d'ores et déjà affirmer qu'en matière d'"affaires", Charleroi était en D3 amateur et Liège joue la Champion's League.
D'un côté un estompement de la norme, des petits arrangements, des maladresses pour couvrir des errances de gouvernance politique; de l'autre, des suspicions d'enrichissement personnel à coups de millions d'argent public qui planent depuis des années sur la tête d'affairistes ou de mains politiques invisibles sans que quiconque fût inquiété, du moins jusqu'il y a peu.
Evidemment, depuis l'arrestation de Stéphane Moreau, au coeur de la galaxie Nethys, tout semble s'accélérer. Dernier avatar en date: le licenciement pour faute grave de Luc Partoune, directeur depuis 25 ans de Liège Airport, autre connexion nethysienne. Au menu: corruption, emploi fictif pour un petit camarade, frais démesurés non justifiés, etc.
Et visiblement, donc une négligence de gouvernance de plus de deux décennies de la part des dirigeants, y compris politiques, qui ressemble fort à de la complaisance, si ce n'est une validation tacite d'une certaine forme de criminalité en col blanc.
Oui, en voyant ce qui se passe en bord de Meuse, on se dit décidément que ce qui s'est passé à Charleroi et qui a valu à toute une région d'être stigmatisée plus que de raison, était disproportionné. Et donc injuste. Les moyens employés par la Justice sont pourtant les mêmes aujourd'hui pour les potentiels bandits de grands chemins que pour les petites frappes in illo tempore.
Et ça, c'est regrettable. Surtout quand ça ruine des vies.
Martial Dumont