Va-t-on vers un rapprochement entre les aéroports de Charleroi et de Liège ? C'est en tout cas le souhait du ministre wallon des Aéroports, Jean-Luc Crucke. Selon lui, les deux sites y gagneraient en polyvalence puisque le premier s'occupe d'une clientèle touristique alors que le second a axé sa stratégie sur le cargo.
L’aéroport de Charleroi vit très mal la crise de la covid-19. Rien que pour l’exercice 2020, BSCA annonce une perte de 22 millions d’euros. On tente de trouver des solutions et l’idée de fusionner l’aéroport de Charleroi avec celui de Liège fait son petit bonhomme de chemin. « Peut-être que la covid-19 a donné des indications et qu’à certains moments, l’un connaissait des difficultés et l’autre pas. Cela montre que s’il y avait plus de synergies entre les uns et les autres, on pourrait s’entraider », avance le ministre wallon des aéroports.
Le CEO de BSCA pas au courant…
Du côté de l’aéroport carolo, son CEO, Philippe Verdonck dit ne pas être au courant de cette idée de rapprochement et qui du coup n’a pas souhaité répondre à notre demande d’interview.
Mais imaginez, les deux aéroports ne formeraient qu’un et cette fusion s’appellerait « les Aéroports de Wallonie » avec comme conséquence, que des Carolos pourraient travailler à Liège et inversement. « Aujourd’hui, lorsqu’il y a des vols avec des passagers, il y a aussi du fret léger. Il va de soi qu’un client intéressé par le fret lourd à Liège peut l’être aussi par Charleroi pour ce qui est du fret léger. »
Si l’idée est loin d’être saugrenue à l’heure où la crise sanitaire impose à tous les secteurs de revoir leur manière de fonctionner, il faudra néanmoins convaincre les principaux actionnaires (publics et privés) des deux aéroports et leurs occupants. « C’est le dialogue, c’est se mettre autour d’une table, confie Jean-Luc Crucke. C’est par cette politique de petits pas qui semble la plus idéale, la plus efficiente, tant par la Wallonie que pour les deux écosystèmes que représentent Charleroi et Liège. »
L’emploi est plus urgent que la fusion !
Mais pour le député régional carolo Julien Matagne, l’urgence se situe au niveau du maintien de l’emploi. « Une fusion comme l’envisage Mr. Crucke, de tirer des forces majeures des deux aéroports, est une bonne idée mais elle doit s’envisager sur le long terme. »
« Aujourd’hui, le plus urgent, c’est l’emploi à Charleroi, le protéger. L’aéroport est un fleuron économique qui fait travailler des milliers de personnes dans la région de Charleroi. Je pense que l’urgence est de protéger notre aéroport et ses emplois. »
L’idée des « Aéroports de Wallonie » est dans l’air mais en attendant, à court terme, on espère une réouverture des frontières côté carolo afin de stabiliser la situation.