Ce lundi, le père Samuel a comparu pour la Xème fois devant le tribunal correctionnel de Charleroi. Verdict : un acquittement, notamment parce que les charges d'escroquerie et de pratique illégale de l'art de guérir n'ont pas été établies.
Entre la première inculpation du trublion et sa sortie en fanfare du palais de justice carolo, 11 ans se sont écoulés. 11 ans pour une affaire qui finalement, n'avait rien de bien compliqué. Cette interminable saga est le symbole du manque criant de moyens de l'appareil judiciaire, d'une magistrature assise qui manque de bras, de parquets qui sont débordés. C'est évident. Tout comme il est évident que les gouvernements successifs, qui n'ont eu de cesse d'opérer des coupes-sombres dans le monde judiciaire, sont en grande partie responsable de l'affaiblissement de celui-ci.
Car oui, la Justice est désormais affaiblie par cette incurie récurrente, par cette incapacité chronique à rendre des jugements équilibrés et motivés dans des délais raisonnables. Comment la population peut-elle encore avoir confiance en une institution aussi hésitante et laissée pour compte ? Quelle crédibilité peut encore avoir ce qui devrait pourtant être et rester un pilier indéboulonnable de la démocratie?
Or la confiance des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire est une condition sine qua non pour la stabilité d'une société. Tout comme celui envers la presse d'ailleurs, le "quatrième pouvoir". Et aujourd'hui que constate-t-on ? La confiance envers le politique n'a jamais été aussi basse. Tout comme celle désormais envers la justice de par, justement, l'effritement de ses structures et sa cohérence temporelle. Ne parlons même pas de confiance envers les médias.
Quand tous les piliers d'une nation plient sous le poids de la méfiance voire de la défiance populaire, ça porte un nom: la faillite de l'Etat.