Vous avez remarqué ? Depuis quelques législatures, on aime bien donner des noms aux gouvernements de notre beau pays. La Violette, la Kamikaze, la Suédoise, la Bourguignonne (en vain), le Coquelicot (fané avant l'heure), la Jamaïcaine, l'Olivier, l'Orange bleue (aussi appelé Doigts dans la prise après débranchage) et bien sûr l'Arc-en Ciel fraîchement revenu dans le ciel wallon.
Quoi que pour ce dernier, on se demande si on n'aurait pas plus intérêt à le renommer gouvernement Ecole des fans. Parce qu'à les entendre tous, finalement, tout le monde a gagné. Pour paraphraser le grand Jacques Martin, les politiques sont extraordinaires. Pour le PS, c'est clair, le futur exécutif wallon est marqué au fer rouge. Les Ecolos parlent de moment historique où les Verts, y compris dans le vocabulaire employé, ont réussi à imprimer de leur sceau la déclaration de politique régionale (une performance quand on sait qu'ils ne sont pas indispensables), et le MR vous dira que jamais un gouvernement wallon n'a connu une révolution aussi forte en matière de développement économique et d'emploi.
Bref, chacun tire la couverture à lui et tente de montrer la fleur qu'ils ont chacun réussi à accrocher à leur chapeau. Un peu comme un athlète qui, au bout du 100 mètres, se préoccupe plus de savoir si la caméra cadre bien son sponsor au lieu de répondre franchement aux questions du journaliste.
On notera aussi la belle unanimité, presque touchante, des désormais trois camarades de jeu pour dire que tout est pardonné entre eux. Les insultes de la campagne ? Du passé. Les haines corses entre MR et Ecolo, le mépris entre PS et MR, la méfiance entre socialistes et écologistes ? Ça n'a jamais existé...
Ajoutez à cela les dossiers, pourtant bien avancés, du précédent gouvernement qui tombent à l'eau (parce qu'il ne faut pas exagérer, on ne va tout de même pas avaliser des décisions prises par d'autres, fussent-elles pertinentes), et on se dit que le futur gouvernement s'est bien inspiré de la phrase désormais culte d'un ancien administrateur de Nethys qui savait de quoi il causait : tout changer...pour ne rien changer.