Edito: survivre et surtout revivre

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La vie quasi-monacale que nous menons aujourd'hui, tous je l'espère (restez chez vous), est évidemment une épreuve que personne ne pensait jamais vivre un jour.

Une épreuve de survie quasiment. Se lever le matin, entendre le décompte des morts, se coucher le soir en se demandant si cette foutue courbe va enfin commencer à descendre...et entretemps, le télétravail.

Au passage, je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais je n'ai jamais autant travaillé que depuis que je ne vais plus...au boulot. L'un des nombreux paradoxes de cette foutue crise.

Ce qu'il y a d'étrange aussi, c'est qu'on s'habitue à ce rythme. A ne plus sortir aussi. Et à ne plus voir les gens. En tout cas physiquement. Comme le disait le regretté Marc Moulin dans une chronique vieille de 17 ans, on s'habitue à cette désocialisation.

A tel point que je me pose beaucoup de questions sur notre capacité, quand tout cela sera terminé, à reprendre le cours de nos vies à peu près comme si rien ne s'était passé. Dans un sens c'est un peu à espérer que non. Que, enfin, on va ralentir le rythme et prendre conscience de l'absurdité de nos vie à 200 à l'heure. Ce serait bien, non ?

D'un autre côté, j'angoisse un peu à l'idée de ne plus retrouver nos réflexes sociaux, nos marques d'amour ou d'amitié.

Referons-nous des bisous à nos enfants le matin au réveil? Aurais-je toujours cet élan naturel à prendre un ami dans les bras pour lui montrer combien je tiens à lui ou pour le consoler quand il est en peine ? Retournerons-nous aussi facilement les uns chez les autres pour partager un apero au soleil le dimanche midi au jardin ? 

Peut-être ou peut-être pas.

Personnellement, je veux croire que nous vivrons encore plus intensément qu'auparavant. Que nous ferons encore plus de bisous, encore plus de câlins. Que nous aurons encore plus d'apéros entre amis, encore plus de fêtes et de relations sociales.

Si cette crise ne doit servir qu'à une chose, c'est à rapprocher les gens après les avoir éloignés pendant de longues semaines. Conscients que nous serons de la fragilité de la vie et de sa beauté quand elle est partagée.

C'est une chose étrange à la fin que le monde écrivit Jean D'Ormesson. Ce monde qui nous montre peut-être aujourd'hui son mécontentement face à la manière dont on le traite. Mais qui nous promet des jours bien meilleurs, plus humains, plus intenses qu'avant si on l'écoute enfin.

 


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