Vendredi, le PUM, Police Unifying Movement, manifestera dans plusieurs villes du pays, dont Charleroi. Ce mouvement de représentants des forces de l'ordre, qui n'est pas un syndicat, estime en effet que la police est aujourd'hui victime d'un intolérable bashing, notamment sur les réseaux sociaux. La faute, entre autres, à l'affaire George Floyd aux Etats-Unis, où un policier a maintenu plus de 8 minutes son genou sur la gorge d'un afro-américain lors de son interpellation qui a mené à son décès.
Et, effectivement, les critiques à l'égard des violences policières un peu partout (y compris en Belgique), se multiplient pour l'instant.
Sont-elles justifiées?
Il faut, à tout le moins reconnaître que les images de réactions policières particulièrement violentes ont tendance à se multiplier. Et donnent ainsi une image assez dramatique de la profession.
Soyons clairs: les dérapages policiers sont le fait d'une petite minorité de cow-boys qui prennent un malin plaisir à casser du manifestant et parfois même, il faut le dire aussi, de l'étranger.
Et, a contrario, la toute grande majorité des représentants des forces de l'ordre fait son boulot avec grande conscience du rôle important et fondamental de son travail, loin d'être facile tous les jours. Et on comprend bien que ceux-là sont révoltés par les critiques qui s'abattent actuellement sur leur métier.
Seulement voilà, l'image dégagée par certains est catastrophique pour la police.
Dernier exemple en date: cette infirmière française arrêtée sans ménagement, traînée par les cheveux, menottée. Les images montrent qu'elle avait effectivement fait des doigts d'honneur aux policiers et jeté en leur direction un pavé. Répréhensible évidemment. Mais la manière dont elle a été arrêtée était totalement disproportionnée eu égard aux faits.
Et le problème est bien-là. L'avocat français Dupond-Moretti l'a très bien dit: "oui, la police a le droit d'utiliser la violence, mais à deux conditions: qu'elle soit justifiée et proportionnée". Sinon, ça s'appelle un dérapage. Comme quand un journaliste belge se fait menacer par un policier qui lui confisque sa carte de presse parce qu'il filme une arrestation musclée. Comme quand des policiers français bousculent et mettent à terre une femme noire dans une gare.
Alors bien sûr, il faut se méfier des images. Crier à la violence policière et au dérapage sur simple base d'une video, sans connaître le contexte, est toujours très dangereux. Mais on ne peut malgré tout pas nier que des moutons noirs gangrènent véritablement un métier pourtant utile, fondamental, nécessaire pour la démocratie.
Partout dans le monde, comme l'ont fait certaines villes américaines, les autorités politiques et policières auraient tout intérêt à reconnaître qu'il existe bel et bien un problème. Et qu'il faut le régler. Notamment en écartant systématiquement ceux qui dans les rangs de la police, commettent des exactions injustifiables.
Sinon, ce sentiment d'impunité ne fera que détériorer un peu plus l'image d'une institution qui, dans son ensemble, ne mérite pas une telle réputation.
Et l'impunité, pour une démocratie, c'est la pire des choses. Qu'elle concerne la police ou les casseurs et les délinquants.
Les policiers veulent être respectés. Et ils ont raison. Mais pour cela, il faut se séparer de ceux qui ne sont pas respectables.