Comme disait Coluche: mais dites-moi, jusqu'où s'arrêteront-ils?
Certains avaient déjà du mal à comprendre le port généralisé du masque, peu contestable dans certaines circonstances mais incompréhensible dans d'autres. Sans parler de la bulle de 5 sur laquelle les virologues se déchirent tant elle n'est semble-t-il pas une garantie scientifique de sécurité sanitaire.
Que dire alors de la décision du Gouverneur de la Province du Hainaut qui impose, à partir de ce mercredi, l'obligation pour tous de posséder un masque sur soi, où qu'on soit.
Cette nouvelle règle pose question à plusieurs égards.
Il y a, évidemment, la sempiternelle interrogation sur la liberté individuelle. Doublée d'un illogisme surréaliste: en Hainaut, certaines communes imposent le masque partout (comme à Charleroi), d'autres dans les rues commerçantes, mais d'autres encore (comme Farciennes) ne l'imposent pas, si ce n'est dans les endroits eux-mêmes imposés par le CNS (comme les magasins ou les institutions publiques).
Résultat: à Farciennes, par exemple, vous n'êtes pas obligés, donc, de porter le masque...mais bien d'en avoir un dans votre poche. En clair: vous vous baladez en rue sans masque, ce qui est votre droit,, vous ne comptez pas faire de courses ni vous rendre à l'administration communale, mais si vous n'avez pas de masque sur vous vous risquez...une contravention et une amende salée.
Et là intervient une autre question, tout aussi prégnante d'ailleurs que pour le respect des bulles: comment l'autorité publique compte-t-elle vérifier la bonne application de cette mesure? En demandant aux policiers d'aller fouiller votre sac ou vos poches? De quoi rentrer un peu plus dans l'intimité des citoyens déjà soumis depuis des mois à des restrictions de libertés parfois à la limite de l'acceptable.
On passera en outre sur le fait que si l'on cumule les règles fédérales communautaires, régionales et communales, l'addition démocratique est déjà lourde. Si d'autres niveaux de pouvoir en rajoutent une couche, il ne faudra guère s'étonner si l'adhésion de la population à certaines règles, qui elles sont fondamentales pour la sécurité sanitaire, frise le zéro absolu.
Sans parler du paternalisme ambiant qui ne compte absolument plus sur un minimum de bon sens citoyen. Et quand les décideurs ne font plus confiance au sens des responsabilités du peuple, ils ne risquent qu'une chose: que le peuple ne fasse plus confiance aux décideurs. Et qu'au fond des poches, ce ne soit pas des masques qu'on trouve mais des poings serrés.
Et ça c'est le terreau fertile d'une dérive qui mène vers les extrêmes.