Il n'y a aucun doute sur la question: les mesures que prend actuellement le gouvernement belge et les sanctions qui sont prévues pour punir ceux qui ne les respectent pas sont fondamentales si on veut plus ou moins rapidement sortir de l'enfer du Covid 19.
Tous (ou presque tous), nous avons accepté et bien compris que l'exécutif qui s'est arrogé les pouvoirs spéciaux (qui n'est en soi déjà pas banal) restreigne de manière assez considérable nos libertés quotidiennes: se déplacer où bon nous semble, voir qui on veut. C'est pour le bien commun.
Seulement, si c'est assez docilement et intelligemment que nous acceptons ces limitations, il nous faut également rester extrêmement vigilants pour ne pas que cette restriction de liberté devienne la norme au fil du temps. Et qu'on oublie après des mois que ces libertés, elles ont existé un jour et qu'elles sont notre socle démocratique.
En clair, fût-ce pour protéger une population, il n'est pas question de franchir la ligne rouge, le point de non-retour qui risquerait de nous mener tout droit vers un régime autoritaire pour employer un euphémisme.
En Espagne, par exemple, il est désormais envisagé de tracer la population et de vérifier ses déplacements. Méthode liberticide qui, pour le coup va au-delà de ce qui est acceptable.
En Hongrie, Viktor Orban vient de faire adopter une "loi Coronavirus" qui donne les pleins pouvoirs au gouvernement sans limite dans le temps. Ce qui fait craindre aux démocrates une vraie dérive dictatoriale. Avec en prime, un petit goût de "1984" qui nous fait aussi penser furieusement à ce qui se passe en Chine actuellement.
Parce que la question est celle-ci: sommes-nous prêts à devenir des numéros, à être sous reconnaissance faciale en permanence, à devoir gagner des crédits sociaux par nos "bons comportements"? Est-ce là la société que nous voulons lorsque la crise du Covid 19 sera derrière nous?
Alors bien sûr on me dira, qu'il y a là outrance et exagération, que nous sommes loin de tout cela en Belgique. Si loin vraiment?
En vérité, quand on accepte de laisser tomber ses libertés parce qu’on est guidés par la peur, on emprunte un chemin extrêmement dangereux.
La peur est la pire des conseillères. Le sens de la responsabilité, le courage, la solidarité, l’humanité, l’intelligence sociale sont des réponses. Pas la restriction des libertés, les discours moralisants ou l’acceptation d’une quelconque courbure d’échine au nom d'un gouvernement qui ne voudrait que notre bien.
Oui nous devons être responsables pour lutter contre cette épidémie mortifère. Mais oui aussi nous devons rester extrêmement vigilants quant au respect de notre liberté. Qui pas plus que notre santé n'a de prix.