La dissidence du mouvement d'extrême droite "NATION", le Parti National Européen, avait choisi Charleroi pour se lancer ce week-end. Parmi ses membres, on y retrouve notamment Jean-Pierre Borbouse, un ancien du FN.
Et quand on analyse le programme de ce nouveau mouvement et le discours de son président, le Namurois Olivier Balfroid, il n'y a aucun doute à avoir sur sa nature extrémiste: homophobie, réduction voire abolition des droits pour les citoyens non-européens, travail, famille patrie, mise au pas des syndicats et des médias et, bien, sûr, rupture du cordon sanitaire contre l'extrême-droite.
Tout cela évidemment teinté d'un populisme nauséeux qui explique au bon peuple ce qu'il a envie d'entendre en apportant des bribes de pseudo-solutions faciles mais irréalistes face à des problèmes compliqués que ce soit en matière de logement, de rehaussement de la pension, de sécurité, d'écologie, etc. Sans parler des mensonges. Ainsi, ce week-end, selon le PNE, tous les médias francophones, écrits et audiovisuels, auraient été présents pour suivre l'avènement du mouvement.
C'est vrai. Il y avait des médias présents. Mais pas pour suivre l'événement. Si les caméras étaient présentes à l'entrée de la réunion, c'était pour rendre compte des heurts qui se sont passés entre les manifestants anti-fascistes regroupant également des syndicalistes et des députés et la police qui a, au vu des images, visiblement outrepassé l'arrêté communal, justifié, qui demandait à la police d'éviter les débordements.
Sur ces images, notamment, on voit clairement quelques dizaines de manifestants face à des policiers en tenue anti-émeute qui n'hésitent pas à avancer en ligne, bombe lacrymo à la main pour repousser la foule qui n'était pas menaçante. Une foule où on retrouvait des enfants et des personnes âgées.
La police justifie son intervention par le fait qu'elle avait donné 4 avertissements avant son intervention et que le but était "de faire cesser des coups entre manifestants et membres du PNE".
La violence pour stopper la violence?
Soyons clairs: cette manifestations anti-fasciste était autorisée. Tout comme l'était la réunion du PNE. Mais l'attitude violente de la police à l'égard des manifestants était largement disproportionnée. Les nombreux témoignages sur les réseaux et les centaines de commentaires scandalisés en attestent.
Oui, la police doit faire respecter l'ordre et la loi. Non, elle n'a pas le droit d'utiliser de façon déséquilibrée en donnant l'impression désagréable d'utiliser un bazooka pour dézinguer une mouche sans ménagement.
Une enquête sera ouverte pour vérifier s'il y a eu, ou pas, dérapage du côté de la police. Parce que la violence gratuite et l'ordre à tout prix ne sont en rien des valeurs démocratiques. Surtout quand le but d'une manifestation est précisément de défendre ces mêmes valeurs...