Après 16 mois, la Belgique tient enfin son gouvernement de plein exercice. Avec à sa tête, ironie de l'Histoire, un homme Alexander De Croo, qui, il y a 10 ans, avait "débranché la prise" du Gouvernement Leterme II, plongeant au passage le pays dans une crise politique de 541 jours et mettant sur une voie royale la N-VA de De Wever.
Un gouvernement donc, mais à quel prix?
Les querelles, les petits jeux politiciens, la pauvreté des débats et des arguments, tous partis confondus, durant cette période, ont considérablement abîmé la confiance du citoyen dans le monde politique. Pour autant qu'elle ne le fût pas déjà irrémédiablement au préalable.
Paul Magnette, dans son discours après le bouclage de l'accord, a eu l'intelligence et l'humilité de le reconnaître. Et d'admettre qu'il faudrait maintenant travailler d'arrache-pied pour regagner cette confiance.
C'est en effet une condition sine qua non si on ne veut pas que ce pays bascule dans les années à venir et se laisse envahir par des forces politiques peu voire pas démocratiques. La démonstration de force du Vlaams Belang le week-end dernier est d'ailleurs la preuve de la défiance citoyenne, singulièrement au Nord, envers la classe politique traditionnelle.
Le salut passera par des comportements dignes d'hommes et de femmes d'Etat, et non pas par des guerres politicardes à grands coups de tweets ravageurs.
Mais il passera aussi par la capacité qu'aura ce gouvernement Vivaldi à atteindre ses différents objectifs en matière sociale, de relance économique post-covid, de transition écologique et de sujets éthiques. Il faudra prendre de la hauteur. Et faire preuve d'une grande sagesse doublée d'une volonté pugnace de dépasser les clivages au profit du bien commun.
De toute façon, ils n'ont pas le choix. Ce sera la réussite ou le chaos.