Il y a un an exactement, j'ai fait le grand saut en décidant de revenir à Charleroi pour devenir rédacteur en chef de Télésambre.
Je suis un Carolopithèque. Et je l’ai toujours revendiqué.
Contre tous ceux qui, de Liège à Bruxelles, regardaient les Carolos d’un oeil dubitatif et parfois-même condescendant, je suis toujours monté au créneau pour tenter de leur expliquer pourquoi le Pays de Charleroi, c’est lui que je préfère. Et puis je m’en suis éloigné.
Un peu. Beaucoup. Les aléas de la vie. Avant d’y revenir l’an passé pour prendre les commandes de la rédaction de Télésambre. Passionnément. Tendrement. A la folie. Et ce retour m’a permis de faire un double constat. D’abord, je me rends compte que Charleroi et les Carolos n’ont absolument pas changé d’un iota. Toujours le même village où tout le monde se connaît, se fait des bètches. Toujours la même convivialité, le même accueil, la même ouverture.
A Charleroi, contrairement à d’autres villes, quand on t’accepte, gros, tu deviens carolo, point barre. On ne te fera jamais sentir que tu es le bienvenu mais que tu restes “d’ailleurs”. Priceless.
A cet égard, le déjà très regretté Jean-Yves Wargnies foudroyé fin décembre par un mec dont la haine viscérale me fait dire qu’il ne doit sûrement pas être carolo, était un symbole. Rassembleur, fêtard, chaleureux, l’humour incisif, passionné par sa ville. Carolo da…
Mais si le fond de sauce de Charleroi est toujours le même, j’ai aussi été frappé en revenant dans mes pénates, par les bouleversements profonds qui ont transformé cette ville en 15 ans. Sur le plan urbanistique, bien sûr. Mais pas que. Je suis aussi marqué par la transformation des mentalités, par toute cette génération 25-50 ans qui a décidé de revenir au bercail, pour investir ou pour y vivre. Un peu comme si ce mantra politique d’un autre temps, “Charleroi j’y crois”, commençait seulement à faire écho aujourd’hui. En tout état de cause, c’est cette alchimie magique entre nos racines profondes et les ailes que nous sommes en train de déployer par dessus les terrils et les friches industrielles, qui fera de notre ville une incontournable référence wallonne, belge et européenne dans les années qui viennent.
Charleroi restera toudî Charleroi. Mais Charleroi ne sera plus jamais pareille. Les Carolos resteront toudî les mêmes. Mais ont eu l’intelligence de passer une étape, de redevenir fiers de leur ville, de la faire vivre, et de la promouvoir urbi et orbi. Et quand je regarde par la fenêtre de mon bureau qui donne sur la place de la Digue où trône désormais le portrait de Jean-Yves Wargnies comme un symbole paradoxal d’une renaissance, je me dis que je suis vraiment content d’avoir retrouvé mes racines qui se sont offert cette jolie paires d’ailes qui nous portera vers l’infini et au-delà.