Edito: le coupable n'est pas celui qu'on croit

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 Le coronavirus a une caractéristique majeure: il parvient à monter les gens les uns contre les autres et à diviser une société qui n'avait déjà pas besoin de ça.

Prenez ceux qui pointent du doigt certaines catégories de la population (comme les jeunes) qui seraient responsables de la propagation par leur inconscience. Ceux-là sont prêts à accuser les personnes qui ne respectent pas à la lettre les mesures en les culpabilisant et en vouant aux gémonies des réseaux sociaux.

Pourtant, il est bien trop facile de chercher les raisons de cette crise sanitaire dans le comportement déraisonnable de certains.

Parce que si nous en sommes-là aujourd'hui, ce n'est pas de la faute des étudiants qui tentent de vivre leur vie en faisant des fêtes dans les kots. Peut-être contribuent-ils à accentuer la propagation du virus, certes. Mais, si l'on peut dire, il ne s'agit là que d'un symptôme.

Comme le disait très bien Marius Gilbert, ce n'est pas tant que le virus circule qui pose problème, c'est surtout que la saturation dans les hôpitaux met à mal la gestion de la santé publique.

Et là le problème vient de tout autre part que des kots de Louvain-La-Neuve. Il vient de tout autre part aussi que de l'Horeca à qui les autorités font payer aujourd'hui un prix intolérable.

Le problème, si nous n'avons plus les capacités hospitalières suffisantes, c'est notamment parce que ça fait des années qu'on ne cesse d'opérer des coupes sombres dans les soins de santé. Parce que les budgets se réduisent comme peau de chagrin sans que personne ne trouve à redire, surtout pas l'Europe qui a virtuellement imposé de saquer dans le tas.

Le problème, c'est que les autorités, dès le départ ont toujours loupé le train: celui du testing, celui du tracing. Et qu'elles continuent aujourd'hui. Comment comprendre que les tests salivaires par exemple, ne soient pas depuis longtemps disponibles, eux qui permettraient d'éviter d'engorger les centres de testings et les tests inutiles qui saturent les labos?

Le problème, c'est que les querelles entre politiques, entre communautés, entre experts, empêchent depuis des semaines de mettre en place le fameux baromètre qui doit permettre de cibler les mesures.

Oui, les responsables de ce pays ont été infoutus de mettre en place une vraie stratégie contre cette épidémie. Ils ont tardé, tergiversé. Jusqu'à, aujourd'hui, être obligés de prendre des mesures qui sacrifient l'économie, ruinent le moral des citoyens, ravagent des vies et laisseront des traces indélébiles, sociales, économiques, mentales, sociétales, pour des années et des années.

Et oui aussi, il faut continuer à demander la solidarité et expliquer qu'il faut éviter les comportements à risques, surtout pour protéger les plus faibles.

Mais de grâce, arrêtons de rendre la population responsable et de la culpabiliser pour dédouaner nos institutions et ceux qui les représentent.

Parce que c'est surtout leur incurie de longue date qui a plongé le  pays au bord du chaos, pas le citoyen irresponsable...


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